Jeudi 29 mai, 18H - Vézelay

Concert d’ouverture


Quintette pour clarinette et cordes en Si mineur op. 115

Johannes Brahms, s’est retiré et de la musique et de l’amour des humains vers ces années 1890. Arpentant son automne, et ses forêts intérieures, Brahms s’en allait doucement. Il lui semblait avoir assez composé et il s’était retiré dans son automne intérieur.
"J’en ai fait assez ; maintenant, c’est au tour des plus jeunes”. Il s’agissait plutôt de fatigue que d’humilité car Herr Doktor Brahms continuait à régenter toute la vie musicale de Vienne et d’assassiner gaiement ses ennemis, Bruckner et Hugo Wolf
Puis, vint la dernière douceur des choses : à Meiningen des amis revus, et la rencontre avec "une flûte de berger". Richard van Mühlfeld, clarinettiste de l’Orchestre ducal. Comme pour Mozart avec la rencontre avec Anton Stadler, ce fut une révélation pour Brahms, et Brahms aimait Mozart !
D’ailleurs la même douceur voilée et fluide se retrouve dans leurs œuvres pour clarinette. Mais pour Brahms ce sentiment hélas inconnu de Mozart : la sérénité nostalgique et douloureuse au bout du chemin. Il adresse un mouvement de mouchoir blanc au train de la vie qui va passer. ce mouchoir blanc est ce quintette.
Brahms décide alors de rompre son vœu de silence, et après avoir patiemment appris à connaître ce nouvel instrument pour lui, il écrit coup sur coup le Trio Op 114 et ce quintette Opus 115, au cours du printemps et de l’été 1891 à Bad Ischl. Il va les créer intimement le 24 novembre suivant à la cour ducale de Meiningen avec Richard Mühlfeld pour la partie de clarinette, ainsi que Joachim, ami retrouvé après tant de brouilles).
Œuvre d’arrière-saison, d’arrière-vie, ce quintette déploie ses méandres sans pathétique, avec l’infinie tendresse de ceux qui s’en vont, en souriant, par la porte du fond d’une vie remplie de bien d’espérances flétries.
Brahms s’efface et la voix de la clarinette s’enroule mélancoliquement comme une berceuse contemplative, sans la moindre révolte. Œuvre heureuse finalement, ce quintette est le journal intime mais pudique de toutes les feuilles qui savent qu’elles vont tomber bientôt.